En sortant du bureau, il avait claquer la porte. C'était impoli, totalement irrespectueux et ça lui avait valu des regards interloqués du reste du poste de Police, mais étrangement son supérieur n'avait rien ajouter. Il faut dire que Miles, venait d'en prendre assez dans la tête en à peine quelques minutes de conversation...non pas qu'il se soit pris un savon non. En réalité, le matin même en arrivant sa boîte de donut's – quoi comment ça un cliché horrible ? - sous le bras, il avait eu la surprise d'entendre la voix de son supérieur hiérarchique l'appeler de son bureau pour lui demander de venir immédiatement. Le lieutenant avait traîner les pieds un moment et ce fut après trois appels supplémentaires en dix minutes et une menace de mise à pied sans doute tout à fait bidon qu'il avait daigner bouger et prendre place dans le bureau. Ce qu'il lui voulait ? Pour Miles, c'était clair. « Et les rapport de la semaine dernière ? Et ceux de la semaine d'avant, Marshall ? Oh, et j'oubliais, ceux du mois entier !? » Oui parce que pour faire son métier, Miles Marshall était le premier. Il était dévoué, courageux, tout ce qu'on veux … en revanche, quand il s'agissait de rendre des comptes à administration et de s'installer devant un ordinateur pour taper des tonnes de rapports récapitulant ses interventions, là c'était autre chose. En général, le lieutenant prenait bien environ deux mois de retard avant de s'y mettre et encore, seulement si l'on le forçait assez pour ça.

Pourtant, ce matin, son supérieur semblait assez calme. Pas de menaces, pas un mot sur les rapports, non en fait il se mit à brosser Miles dans le sens du poil. « Vous êtes un bon élément, blabla, montrer l'exemple, blabla. » Le lieutenant, le fixa avec insistance, les yeux plissés, tentant de comprendre où l'homme qui se tenait assis bien droit en face de lui voulait en venir. « J'ai...une stagiaire qui sera chez nous pour un moment...et j'apprécierais beaucoup que vous la preniez avec vous pour travailler. » Une blague. Sans doute. Les gens commençaient à connaître Miles, maintenant, ils savaient non, qu'il appréciait de bosser seul et qu'en fait il ne supportait pas d'avoir quelqu'un dans ses pattes ? Encore moins une stagiaire en plus.

- Vous devriez voir ça avec quelqu'un d'autre vous savez..., se contenta t-il de dire calmement.

Mais visiblement, en face l'homme ne l'entendait pas de cette oreille. Son expression changea, et s'il avait eu l'air de lancer l'idée à Miles comme une proposition, son ton changea radicalement au refus du Lieutenant.

- C'est un ordre, en réalité, Marshall. Vous prendrez cette stagiaire avec vous, point.

Évidemment. Lui poser simplement la question, ce n'était dans le genre de monsieur le haut placé, non. Des ordres, évidemment. Du coup, c'est Miles qui changea à son tour de ton et d'expression. Pour lui c'était clair, hors de question !

- Attendez. C'est une blague ? Une punition pour les rapports non rendus ? Non parce que j'allais le faire, hein...pourquoi vous la filez pas à ... bidule, je sais plus comme y s'appelle. Il est doué lui avec les stagiaires. Je suis pas nounou moi !

Oui mais rien à faire. La discussion semblait close, bel et bien close puisque l'homme en costume se leva de son siège de cuir usé, pour pratiquement mettre Miles à la porte de son bureau.

- Prenez la avec vous. Oubliez vos rapports si vous le souhaitez, mais occupez vous de cette fille !

La porte claqua. Terminée. Il l'avait dans les pattes, et elle était là assise sur une chaise pile à la sortie du bureau, le fixant en arborant une mine presque boudeuse. Il la salua à sa façon, en profitant pour lui suggérer de l'écouter, de ne pas rester dans ses pieds, de ne pas le gêner s'il elle souhaitait que son stage se passe au mieux. Elle se présenta rapidement, fit sa maligne quelques secondes...et Miles l'ignora royalement, en fait il lui passa au nez pour rejoindre son bureau.

Casse-biiip. Oui, c'était l'expression tout à fait adaptée à cette fille là. Ça faisait à peine cinq minutes pleines qu'elle était entrée dans le bureau de Miles et elle était déjà en train de hurler. Pour rien en plus. Juste « un peu » de bazar. Du désordre quoi mais … il était dans son coin après tout ! C'était SON bureau. Ici, c'était lui le chef et à défaut de décider si oui ou non il acceptait cette nana en tant que stagiaire pour une durée qu'en plus personne n'avait pris la peine de lui communiquer, il estima qu'il avait le droit de décider où la mettre et ce qu'elle aurait à faire ce qui semblait … ne pas trop lui convenir et c'était plutôt tant mieux en ce qui concernait le lieutenant. Il était frustré ce qui avait tendance à rejaillir sur son humeur qui depuis le début de la matinée n'avait fait qu'aller en se dégradant.

Alors que Miles se laissa retomber sur sa chaise de bureau, la voix de sa stagiaire résonna … encore. Et pia, pia, pia, pourquoi je devrais faire ça, et pia, pia, pia, pourquoi vous faites ça. Insupportable. Lui qui était habitué au silence dans ce bureau la présence de la jeune femme l'insupportait...du coup, il ne pris même pas le temps de lui répondre. Elle n'avait qu'à se mettre au travail...et justement, quelques secondes plus tard le lieutenant constata avec soulagement qu'elle avait ENFIN pris place sur le siège qu'il lui avait gentiment offert, commençant même à trier les tas de paperasses qui s'élevaient devant son nez. Marshall laissa échapper un soupir de contentement discret, avalant une gorgée du soda posé sur son bureau avant de tenter d'entreprendre de se mettre au travail lui aussi...mais bien évidemment, le silence et le calme furent de courte durée. Sa stagiaire, qu'il aurait presque oubliée tant il avait apprécié les courtes minutes pendant lesquelles elle avait tenu sa langue, piqua une nouvelle crise. Miles sursauta quand elle se leva comme une furie, tapant du pied au sol comme une enfant et se mettant à hurler, protestant sur la montagne de travail à réaliser. Pia, pia, pia. Encore. Le policier soupira. Il ne tiendrait pas. D'où elle sortait celle-là ? Elle était … horriblement agaçante. Énervante ! Pourtant, il choisit de se contenir. Il lui désigna le plus simplement du monde une armoire, où en l’occurrence traînait un rouleau de sachets poubelle encore plein. Que la femme de ménage avait déposer un jour bien en évidence sur son bureau afin sûrement de lui faire comprendre sa lassitude de devoir chaque jour opérer tout un trafic pour mettre le contenu de sa poubelle dans un sachet elle même, quand elle aurait pu juste retirer le dit sachet et le jeter. Pour autant...Miles avait toujours eu la flemme de sortir les sacs pour y mettre son bordel.

- C'est juste vous, où toute les femmes sont … comme ça ? Se risqua t-il finalement à demander. Je veux dire, hurler et faire des crises, c'est votre truc à vous parce que vous êtes chiante ou toute vos … congénères sont dans le même style ?

Oui, ça l'intéressait ça. En tout et pour tout, dans sa vie il n'avait eu qu'à supportait deux femme dans sa vie. Sa mère...mais ça c'était autre chose et son ex-femme avec qui ça c'était très mal passer. Alors aujourd'hui qu'il était appeler à côtoyer une autre femme, dans le cadre de son boulot cette fois, il en était à se demander à quoi il pouvait s'attendre.

Il la regarda un moment. Cette fille là n'arrêtait jamais de bouger. Depuis qu'elle était entrée dans son bureau, elle ne faisait que ça. Elle s'était assise, pour finalement se lever et piquer une espèce de crise, elle s'était ensuite approchée pour poser ses fesses sur le bureau près de Miles et là elle venait encore de se lever une feuille de papier à la main pour la balancer sur d'autres feuilles avant de lancer une réplique et de finalement retourner à son travail. Le Lieutenant en était tout abasourdi. C'était une véritable tempête, l'ouragan Clio venait de s'abattre sur son bureau et le pire c'est qu'il savait que ça allait durer un moment.

Pourtant sa réaction fut plutôt imprévisible. Il ne s'énerva pas. Non, en fait il fut tout à coup pris d'un gros fou rire. Il n'avait sur le moment pas fait attention à ce qu'elle avait pu dire, mais maintenant qu'elle était calmé ses mots lui étaient revenus en tête. « Je vous plais tellement que vous êtes obligé d'être désagréable pour le cacher. » Ça c'était la meilleure ! Sortir ce genre de truc c'était mal connaître Miles. Oh oui. Depuis son divorce, les femmes ils les avaient en horreur, ou presque. Il n'appréciait plus tellement leur compagnie et leur préférait largement sa solitude. C'était son moyen de défense, il ne souhaitait plus connaître les épreuves qu'il avait vécues dans le passé. Du coup, sa remarque résonna comme une espèce de blague et il ne put s'empêcher de le montrer. Son rire dura un moment, puis lorsqu'il fut calmé il reposa son regard son Clio.

- Mais oui bien sur Sherlock, c'est une évidence.

Finalement, il en était à se dire que la présence de la jeune femme serait peut-être divertissante. Il repoussa une montagne de papiers sur son bureau pour attraper le document qu'il avait à signer concernant le stage de la jeune femme. Il l'examina. Il y avait des tas de choses écrites sur ces papiers, des trucs qu'on ne lit jamais...mais Miles n'arrivait plus à détacher ses yeux d'une chose en particulier. Son nom, son prénom ou plutôt ses deux prénoms. Clio oui, Hazel. Lewis. Alors qu'il relisait encore et encore ces « mots », sa mémoire fit un bond dans le passé. Il se rappelait très bien de cette femme qui lui avait un jour demander de choisir un second prénom pour son bébé pour le « remercier » de lui avoir sauver la vie,c'est ce qu'elle avait dit.

- Hazel. C'est joli ça vient d'où ? Demanda t-il alors, sans quitter des yeux le document.

Miles fronça légèrement les sourcils. Il se souvenait bien de cette femme qui un jour avait basculée sans aucune raison apparente, alors qu'elle était enceinte. Elle aurait sans doute perdu la vie, s'il n'avait pas été là ce jour-là et si lui à l'époque n'avait pas vu dans ce geste quoique ce soit d'héroïque, elle avait penser tout autrement. Il lui avait rendu visite le lendemain, à l'hôpital en compagnie de ses parents, si fiers de lui et avant qu'il ne lui dise au revoir elle avait tenu à lui demander de donner à sa petite fille nouvelle née un second prénom. Hazel. C'est le prénom qu'il avait choisi à l'époque. D'où il venait ? Aujourd'hui il ne s'en souvenait plus vraiment, c'était le prénom qui lui était venu en regardant ce tout petit bébé. Clio Hazel Lewis. C'était ça oui. Il regarda encore un moment le nom du document avant de le déposer sur un tas parmi les autres paperasses. Ses yeux se posèrent ensuite sur Clio et tout en la regardant il interrogeais sa mémoire, il tentait de se souvenir au mieux du visage de cette femme afin de trouver une quelconque ressemblance entre elle et sa stagiaire...mais au bout de quelques minutes, il abandonna. Ça remontait à loin maintenant, il se souvenait d'elle oui, de son visage mais il n'aurait su dire avec certitude si oui ou non elles se ressemblaient. Son histoire était bizarre. Elle impliquait bien un gamin qui aurait choisi son prénom, pourtant … ce n'était pas tout à fait ce qui s'était passé. Il décida de ne pas aller plus loin, gardant en lui la conviction étrange que cette fille là était bel et bien ce bébé qu'il avait sauver un jour. Le monde était petit … et étrange.

Le lieutenant laissa un soupir s'échapper avant d'ouvrir son tiroir et d'attraper son arme de service, il se leva ensuite, rangea son pistolet dans son holster et referma le tiroir.

- Aller, Hazel, vous finirez ça plus tard j'ai ma patrouille à faire. Prenez votre veste et en voiture.

Hazel oui ! Il l'avait appelée par son second prénom qu'il appréciait plus que Clio, il l'avait décider il l’appellerait comme ça pendant toute la durée de son stage qu'elle apprécie...ou pas. Il décrocha sa veste du porte manteau à l'entrée du bureau et sortit de la pièce sans rien ajouter.

Maintenant, il était dans ses pensées, à tel point qu'il en avait oublier de vérifier si sa stagiaire l'avait ou non suivie. Elle lui avait sortie une histoire étrange, mais bizarrement il maintenant pratiquement certain que cette femme là, était la petite fille qu'il avait vu quelques heures à peine après sa naissance bien des années auparavant...et ça ne le rajeunissait pas tout ça.

Il attrapa négligemment ses clés accrochées au tableau, avant de sortir du poste de police. Prendre l'air lui fit le plus grand bien, être dans la rue c'était ce qu'il préférait dans son métier et les heures de bureau lui paraissaient toujours interminables. Il se dirigea vers sa voiture de service, garée au parking et lorsqu'il en fut proche déverrouilla les portière d'une simple pression sur la clé qu'il avait en main...seulement là, il se retourna pour constater que Clio l'avait bel et bien suivi et même à quelques mètres d'elle, il pouvait déjà apercevoir as mine boudeuse. Il esquissa un sourire et monta dans sa voiture, attendant qu'elle prenne place côté passager avant de démarrer.

- On oublie pas sa ceinture, Hazel, lança t-il, un peu moqueur.

Finalement, il trouvait ça plutôt marrant de la provoquer avec des remarques qu'il savait agaçante. Ça égayerait probablement ses journées d'ici la fin de ce stage.

Les patrouilles, c'était un truc pas vraiment amusant. C'était certes plus sympa que de rester assis à un bureau mais Eile Domhan était une petite ville plutôt tranquille en général, seul ce meurtre étrange était venue entacher la tranquillité de l'endroit, obligeant la police à mettre en place toujours plus de patrouille afin de rassurer la population. En général, Miles faisait rapidement le tour de la ville en voiture, puis parcourait quelques quartiers à pied, en profitant de temps à autres pour passer chez quelques commerçants afin de s'acheter quelque chose à boire ou à manger. Il ne se passait en général rien de passionnant, tout juste de temps à autres – et très rarement en réalité – un petit larcin dans une épicerie, ou encore une dispute entre voisins.

Pendant qu'il roulait, Miles observait le silence. Il lançait de temps à autre un regard furtif à la jeune femme et c'est au bout d'un bon quart d'heure qu'il se décida à engager une conversation.

- Alors...c'est pourquoi ce stage ? Vous voulez être flic ?