I saw a lion kiss a deer

Nolan m'avait reproché de ne pas savoir comment me comporter en sa compagnie. C'était vrai mais cela venait de le devenir encore plus... Je ne comprenais pas la colère qui émanait de ses yeux mais elle devait forcément destinée. Comment pouvais-je l'énerver à ce point en ne disant rien? Cet homme était un foutu mystère. Un mystère franchement effrayant qui semblait passer ses nerfs sur le pauvre shaker qui n'avait rien demandé.
J'attrapais mon étole qui était tombée dans le canapé et l'en roulait de nouveau autour de mes épaules, essayant de chasser la chair de poule qui m'avait envahit à la vue d'un Nolan furieux. J'avais beau être un peu réchauffée je ne me sentais pas vraiment mieux pour autant. Je croisais mes bras sous ma poitrine, comme si j'essayais de m'étreindre moi même ce qui pouvait paraître franchement ridicule, tandis que mon regard détailla toute la pièce sans jamais se poser sur le barman. Peut être que je pouvais faire comme Max me l'avait suggérer au cas où le déroulé de la soirée ne me plaisait pas. Il me suffisait de lancer l'alarme de mon téléphone, répondre, prétendre avoir eu un appel urgent et devoir absolument rentrer... Non, je ne fuirai pas juste parce que Nolan se trouvait être subitement de mauvaise humeur. Il avait un problème et bien il n'aurait qu'à en parler.

« Il est plus fort que le précédent, je pense… S’il ne te plaît pas, je peux t’en faire un autre. » Les yeux de Nolan n'exprimèrent absolument rien tandis qu’ils croisèrent les miens. Je lui lançais en retour un regard que je ne lui avais encore jamais adressé. Celui que je réservais aux clients particulièrement pénible. Max –  qui en avait fait les frais plusieurs fois lorsqu'il essayait de savoir ce qui se passait entre Richard et moi, alors que je ne comptais rien lui dire –  m'avait dit qu'il donnait l'impression à la personne qu'elle était complètement inexistante pour moi. Je regardais sans voir... « Ça devrait aller, merci. » Fini le ton de petite fille apeuré ou timide, ma voix était complètement neutre tandis que j'attrapais mon verre.

Je m'enfonçais un peu plus dans canapé, essayant de trouver une position plus confortable. Je savais bien que ce n'était pas ma position mais la situation qui provoquait cette sensation d'inconfort mais je le fis sans en prendre réellement conscience. Une fois mieux installée je fermais les yeux et savourait ma boisson. La chaleur qui me brulât légèrement la gorge compensa celle qui manquait à l'ambiance et je me détendis légèrement. Je n'ouvris pas les yeux pour autant et repris une autre gorgée. Lorsque enfin je me décidais que j'étais assez détendue pour pouvoir poser mon verre et repartir au combat – c'était l'effet que me donnait cette soirée, l'ambiance détendue et légère semblait être loin derrière nous alors qu'elle ne datait que de quelques minutes –  j'avais bu plus de la moitié du cocktail.

« J’étais curieux de savoir si je la connaissais… Après tout en tant que facteur, je lis plus souvent les premiers prénoms que les deuxièmes. » J'inspirais un grand coup. De toute évidence il faisait des efforts pour être de nouveau aimable, j'allais essayer d'en faire de même. « C'est assez facile de savoir si tu l'as déjà croisée. Est-ce que c'est toi qui livre dans notre quartier? » Je lui avais déjà dit que j'habitais dans le Clog. « Comme elle travaille à la maison c'est elle qui récupère tous nos colis. » Elle et Poppy l'été, vu que Poppy avait toutes les vacances scolaire. Minah et moi ne nous occupions jamais de ça, n'étant jamais présentes aux horaires de passage du facteur. Enfin il pouvait m'arriver d'être là mais cela voulait dire que le service de la veille s'était terminé assez tard et que je dormais encore...


« Si tu dois contacter le journal, ce ne sera pas pour ce prétexte, je cuisine depuis longtemps maintenant. » Je lui adressais un petit sourire qui ne monta pas jusqu'à mes yeux. Ce n'était pas de ma faute, il avait réussi à me braquer et je n'arrivais pas à retrouver ma légèreté. J'avais hâte que le repas soit servis, au moins je pourrais garder le silence pendant que je mangerais sans que cela paraisse bizarre. Et puis je prendrais la fuite une fois nos assiettes débarrassée. Est-ce que cela faisait partit de son plan pour que je ne veuille pas de second rendez vous? Si c'était le cas il se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude si il pensait que ça allait changer quelque chose... Même mes sentiments pour lui n'avaient absolument pas changé malgré le malaise qui m'avait envahit. « Et bien j'attendrais de goûter ta cuisine avant de décider de si je dois avertir ou non les lecteurs à ce sujet! » Assurais-je avec un clin d'œil.
« Mais rassure toi, il n’y a pas de grand Nolan, il suffit de bien regarder pour voir tous les défauts… » Je commençais à m'en rendre compte oui. Après "ne veut pas d'une relation sérieuse" je pouvais ajouter "lunatique" à ma liste. Deux défauts ça restait relativement peu quand même. Je me demandais un instant si je ne devrais pas lui présenter Pepper, les deux lunatiques s'entendraient peut être bien entre eux... Je chassais vite cette idée de ma tête. Et qu'est ce que je ferais moi si ils avaient un coup de foudre l'un pour l'autre. Je n'étais pas sûre de pouvoir supporter de voir Nolan sortir de la chambre de ma coloc où il aurait passé la nuit... Depuis que je connaissais cet homme je me découvrais jalouse et je n'aimais pas  vraiment cette part de moi.

« Bon, étant donné que je t’ai offert un nouveau verre, j’ai droit à une nouvelle question… ? Si tu devais quitter Eile Dohman qu’est ce qui ne te manquerait absolument pas ? » La réponse à cette question était Richard, sans aucune hésitation possible. Plus il y aurait de kilomètres entre cet homme et moi et mieux je me porterais... Mais ce n'était pas la réponse d'une fille normale. Il me fallut quelques instants pour trouver une réponse plus correcte.
« Les rumeurs et surtout le fait que les gens prennent même les plus idiote pour argent comptant. » Je marquais une petite pause, faisant tourner mon cocktail dans mon verre. « Tu sais que j'ai même entendu dire que nous n'étions pas de vraies colocataires avec mes amies. Mais deux couples de lesbiennes qui ne souhait pas que ça se sache… » Cette rumeur m'avait toujours amusée. « Bon je n'ai malheureusement jamais su avec qui j'étais en couple. Mais comme elles sont toutes canons, ça me convient dans tous les cas. » Peut être que c'était pour ça que la rumeur avait eu lieu, quatre fille dans un appartement voilà qui débat forcément exciter l'imagination de certains mecs... « Je suppose que c’est la même chose pour toi, non ? » Ça ne devait pas être tous les jours agréable une réputation comme la sienne...

Que répondre à ça ? Visiblement Shena connaissait Peper, pas Selene. Il n’avait pas envie de lui mentir mais ne pouvait pas non plus dévoiler le secret de ses meilleures amies. Réfléchissant à sa tournée, il se frotta le menton, le regard perdu au loin. Il lui était déjà arrivé de livrer chez elles mais il ne se souvenait pas de qui lui avait ouvert. En même temps, c’était au tout début, lorsqu’il était en ville depuis peu… ça aurait très bien pu être Selene mais il n’en était même plus sûr… « Je crois avoir livré une fois chez vous… à mon arrivée en ville. » Ce n’était pas un mensonge, il ne répondait juste pas tout à fait à sa question…

C’était un peu frustrant, déjà qu’il venait de se montrer sous son mauvais jour, avoir l’impression de lui cacher des choses ne lui plaisait pas du tout.
Nolan ricana en repensant à la réputation dont il faisait l’objet. Tombeur de ses dames pour certains ou objet sexuel pour d’autres, tout était bon pour le faire passer pour un gigolo. C’était un fardeau qu’il avait accepté de porter avec le temps. Bon, il n’allait pas se mentir, la première fois que Neill lui avait dit ce qui se disait sur lui en ville, le jeune homme avait été bouche bée. Qui pouvait bien s’amuser à lancer de telles rumeurs, sans même prendre gade au risque de gâcher la vie du destinataire ? Il lui avait fallu quelques jours pour accepter de ne pas voir chaque personne comme d’éventuels menteurs en quête d’une nouvelle histoire croustillante à dévoiler. Là encore, c’était Pepper qui lui avait offert une vision moins tranchée sur le monde. Selene lui avait dit de profiter de cette réputation pour s’amuser, selon elle les femmes adoraient les Bad boys et chercheraient toutes à être celle qui le ramènerait sur le droit chemin. Et même si ça l’avait bien fait rire, c’était les mots de Pepper et sa vision de la situation qui l’avait apaisé. Et puis, sa rencontre avec Saskia Heckart avait été un point final  au processus nécessaire pour accepter ce rôle qu’on lui avait attribué. Elle aussi passait pour une femme fatale sans vergogne, elle était d’ailleurs l’une des personnes qu’il aurait culbuté avant que l’un et l’autre n’en ressortent satisfaits et toujours aussi libre que l’air. Enfin, selon la rumeur… Quel plaisir ils avaient eu de faire enfin la rencontre de leur plan cul respectif. Ils avaient bien rit de la situation et au final, il avait gagné le plaisir de connaître ce petit bout de femme amusant.

Il en était même venu à penser que cette situation avait du bon. Lui qui ne voulait aucune relation sérieuse passait pour l’homme sans attache et probablement sans cœur. Les femmes n’espéraient pas trop de lui et acceptaient bon gré mal gré que leur flirt n’ai aucun avenir. Il avait fini par se sentir protégé par cette rumeur… Enfin, jusqu’à ce qu’il apprenne à connaître la femme qui se trouvait face à lui. Aujourd’hui, il aurait préféré être juste Nolan. Ça aurait été plus simple à vivre… Pourtant, il ne se sentait pas jugé par Shena qui elle-même avait son lot en matière de réputation. Il n’avait jamais entendu parler de cette histoire de couples caché aussi n’avait-il pas pu s’empêcher de rire lorsqu’elle le lui avait raconté. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’éventualité qu’elle soit lesbienne ne l’avait jamais effleuré…

« Oui… Enfin, il semble que mon orientation n’ai jamais été mis e en doute… » À nouveau un gloussement lui échappa, tant cette histoire lui semblait saugrenue. « Mais contrairement à toi, concernant la rumeur qui me concerne, je suis en partie fautif… » Il lui avait fallu du temps pour admettre qu’il était une part du problème et s’il avait fini par l’accepter, le dire à haute voix était une nouveauté. « Je m’en suis servi quand j’en ai eu besoin et maintenant, l’étiquette de briseur de cœur et de ménage me colle à la peau. » C’était même une marque indélébile qui lui avait été apposée sur le front. Le genre de tatouage qu’on utilisait pour marquer les bêtes et ainsi avertir le boucher de la mauvaise qualité du bétail. Combien de fois n’avait il pas vu des regards obliques se poser sur lui, entendu des maris en colère lui lancer les pires insultes au visage avant de le menacer… Certaines mères allaient même jusqu’à l’empêcher de s’asseoir à côté de leur fille  dans le bus, au cas ou il glisserait la main sous leur jupe ! « Sais tu que je suis un nymphomane en puissance ? » Il rit en posant le plat de lasagne sur la table. Au moins, il n’était pas encore considéré comme un pervers ou pire, un pédophile. On ne lui prêtait que des aventures sans lendemain avec des femmes adultes et consentantes !

Tout en servant les assiettes pensivement, il finit pourtant par murmurer plus pour lui que pour elle : « La plupart des gens croient qu’il suffit de ranger les individus dans des cases bien définies pour vivre  sans avoir à se poser de questions sur leur vraie nature… C’est dommage. » Qui, à part ses amis les plus proches, pouvaient se vanter de le connaître vraiment ?  Il ne se dévoilait pas, laissait certaines facettes de lui prendre le dessus selon la personne qui lui faisait face. C’était un mécanisme de défense qu’il avait mis en place très jeune et qui hormis le protéger, lui permettait de se rappeler que tout n’était pas à l’image de ce qu’on pouvait imaginer au premier regard…

I saw a lion kiss a deer

L’ambiance commençait à se réchauffer, Nolan semblait moins de mauvaise humeur que tout à l’heure. Je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui l’avait énervé à ce point. Si au moins j’en avais une petite idée cela me permettrait d’éviter de recommencer…

L’anecdote dont nous avions fait preuve avec les filles sembla l’amuser. « Oui… Enfin, il semble que mon orientation n’ai jamais été mise en doute… » Sa réponse me fit rigoler, c’était bien une réaction typiquement masculine qu’il avait là. « Il n’y a bien que les hommes pour prendre outrage du fait qu’on remette en question votre orientation sexuel. » Je levais les yeux au ciel pour montrer à quel point je trouvais cette attitude ridicule. « Au moins pendant qu’on me soupçonnais d’être lesbienne le nombre de clients draguant lourdement avait largement baissé. C’était agréable ! » Il était presque regrettable que cette rumeur n’ai durée que peu de temps, j’avais vraiment appréciée ces instants de paix. Je n’étais même pas sûre de savoir pourquoi elle avait disparue aussi vite qu’elle était arrivée. Sûrement parce qu’aucune de nous n’avions protesté bruyamment, ce qu’aurais surement fait des gens dont le secret venait d’être révélé.
Nolan non plus n’avait jamais protesté contre la rumeur dont il faisait l’objet, mais pour d’autres raisons visiblement puisqu’il venait d’admettre qu’elle lui s’était servi de celle-ci. « Si ça peut te rassurer j’ai toujours cru à la version briseur de cœur, mais pas à celle de briseur de ménage ! » Briseur de cœur, évidemment qu’il en était un. Je devais passer mon temps à ne pas succomber à ses charmes pour ne pas voir le mien réduit en miettes, cette partie était plus que réaliste. Par contre je n’avais jamais entendu dire qu’il avait couché avec une femme mariée, que celles-ci soupiraient sur son passage oui mais pas qu’ils étaient passés à l’acte. Enfin, je n’étais pas omnisciente et il était possible que cette partie soit également vraie, j’estimais peut être trop Nolan pour le voir en briseur de foyer.
« Sais tu que je suis un nymphomane en puissance ? » « Non je n’étais pas du tout au courant de ça. » Je fis mine de m’éloigner le plus possible de lui. « Peut être que je n’aurais jamais du monter sur ce bateau avec toi, alors. Qui sait ce qu'il pourrait m'arriver ? » Dis-je en rigolant.

L’odeur que dégageaient les lasagnes était franchement appétissante. J’étais reconnaissante à Nolan de s’être donné autant de mal pour organiser cette soirée.  Certes ce n’était pas lui le cuisiner, mais il avait été le chef d’orchestre, profitant des talents à droite et à gauche. Et puis c’était la première fois que j’allais manger sur un bateau, il fallait bien admettre que ce lieu de rendez vous était pour le moins original. C’était vraiment gentil de sa part, d’autant plus que c’était moi qui avait proposé le rendez vous et donc moi qui devrait me donner du mal pour qu’il soit parfait plutôt que lui…  Il allait vraiment falloir que j’assure quand je lui rendrais la pareille.

« La plupart des gens croient qu’il suffit de ranger les individus dans des cases bien définies pour vivre  sans avoir à se poser de questions sur leur vraie nature… C’est dommage. »  Bienvenue à Eile Domhan, la ville où les gens prennent tout ce qu’on leur dit pour argent comptant. À bien y réfléchir cela devait être le cas de beaucoup de petites villes.
« C’est parce que ça a un côté rassurant je pense. Tu définies la choses comme elle t’arrange, tu la range dans sa case et tu n’y repense plus… » Enfin ça c’était pour la théorie. Parce que j’avais beau avoir rangé Nolan dans la case amitié j’avais bien l’impression que le petit Nolan virtuel semblait toujours vouloir en sortir. Je n’étais pas prête à admettre qu’il y avait de bonne chance pour que je sois amoureuse…
Une chose était sûre notre prochain rendez vous n’allait pas avoir lieu dans un endroit aussi intime, cela me perturbait trop et laissait mon imagination s’emballer. J’avais d’ailleurs laissé de nombreuses fois mon esprit divaguer et se perdre à m’imaginer en train de l’embrasser. J’espérais qu’il n’avait pas remarqué que j’avais longuement fixé ses lèvres plusieurs fois au court de la soirée.
« Ça a l’air délicieux, merci. » Dis-je en attrapant l’assiette qu’il venait de me servir. La petite voie mesquine qui raisonnait parfois dans ma tête me demanda si  je parlais des lasagnes ou du goût que devait avoir ses baisers. Je fis comme le reste de la soirée et l’ignorais…

Nolan haussa un sourcil avec amusement. C’était ce qu’elle avait compris ? Sa remarque ne portait pas tant sur son orientation que sur le fait qu’on ne lui ai jamais prêté des aventures qu’avec des femmes. Les gens auraient très bien pu insinuer qu’il était gay, il ne s’en serait probablement pas offusqué… Après tout, il se connaissait assez pour savoir ce qu’il aimait et ce qui le laissait parfaitement indifférent. Les autres pouvaient bien imaginer ce qu’ils voulaient…
Pourtant, il ne ressentit pas le besoin de s’expliquer, il avait offert à Shena l’occasion de rire et ça le satisfaisait pour le moment. On ne peut pas dire que ce soir, il ai réussi à être charmant…

Devenant plus sérieux, il la regarda intensément avant de sentir ses épaules se détendre. Il y avait eu une tension dont il n’avait pas eu conscience jusque là. De savoir qu’elle ne le prenait pas pour l’un de ses gars sans morale, capable de briser des couples… Et bien, une vague de reconnaissance venait juste d’emporter l’une des barrières qui protégeaient son cœur. « Merci… » Le murmure qu’il venait de lâcher voulait dire tellement de chose pour Nolan. De toutes les personnes qui l’entouraient, hormis évidemment ses amis les plus proches, Shena était la seule dont l’avis comptait. Si elle avait eu une image de lui négative sur ce point, il aurait eu de mal à se regarder dans la glace.

« À dire vrai, je suis plus le cœur brisé que le briseur de cœur. » Il but une longue gorgée à la suite de cet aveux qu’il n’avait pas été capable de dire autrement que dans un murmure. Il lui ouvrait une porte, lui laissant entrevoir un peu de lui, de ce qui était fragile en lui. C’était effrayant pour lui, l’alcool qu’il venait d’avaler lui donnait un coup de fouet au moment où il en avait le plus besoin mais il gardait obstinément son regard plongé dans le plat de lasagne qu’il venait de poser sur la table. Il voulait que Shena découvre qui il était vraiment, il s’en rendait compte maintenant, mais comment s’y prendre pour ne pas passer pour le pauvre type qu’il était ?

Heureusement, l’humour était toujours un bon moyen de faire diversion et tandis qu’il découpait la lasagne, il rit. En voyant la belle rousse s’écarter, son sourire se fit plus lascif et se penchant par-dessus le plat et la fixa intensément. « Tu n’imagine pas à quel point tu es en danger en ce moment même… » Le mot danger était peut-être un peu fort mais l’idée y était. En effet, il devait se contenir à tout instant alors qu’il n’avait que faire de cette lasagne et que la seule chose qu’il désirait gouter, c’était ses jolies lèvres qui s’étiraient en un sourire craquant.

Pourtant, il reprit son sérieux et termina de servir les assiettes, il ne voulait pas donner raison aux rumeurs. De plus, ce soir il avait tout du crapaud et pas grand-chose du prince. Quoi qu’en pensant ça, il donnait raison aussi au système de classement. Il était crapaud tout autant que prince. Simplement, il ne laissait pas souvent la deuxième personnalité prendre le pas sur l’autre. C’était un choix logique grâce auquel il pouvait se protéger de toutes femme capable de devenir envahissante.

Après lui avoir donné son assiette, il leur servit un verre de vin à chacun et prit place à son tour. Il leva son verre dans sa direction avant de gouter le breuvage. Il préférait de loin une bonne bière mais avec un repas comme celui-ci, Lucas l’avait informé qu’il était hors de question de ne pas boire un bon vin. Question de principe, selon lui. A la remarque de Shena concernant la lasagne, il hocha la tête. C’est vrai que Lucas avait encore fait des merveilles. Il n’avait pas besoin d’y gouter pour savoir que la sauce était parfaitement assaisonnée, la pâte parfaitement cuite et le fromage croustillant à souhait. Après tout son ami utilisait les recettes de familles et était plus que doué en cuisine.

Après un moment durant lequel, Nolan se contenta de manger en silence, il finit par poser sa fourchette et observa longuement Shena. Il ne savait pas exactement comment aborder le sujet qui l’intéressait vraiment mais puisqu’il était clair qu’il serait incapable de la voir comme une simple amie…  « Pourquoi es tu ici avec moi ? » Bravo Nolan, voilà une question posée avec délicatesse… Dans son esprit, elle sonnait tout à fait différemment et à présent, il allait devoir s’expliquer un peu mieux. Repoussant son assiette avec lenteur, il se racla la gorge avant de poursuivre : « Je veux dire, tu es le genre de femme qui doit avoir énormément d’amis… » Est-ce qu’il s’embrouillait ou s’était simplement une impression ? « Et moi, je n’ai rien d’un bon ami. » Bon ok, là il devenait de plus en plus flou. Il voulait lui expliquer qu’il ne pouvait pas la considérer simplement comme une amie. Mais avec ce qu’il venait de lui dire, il donnait une impression tout autre…

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Nolan sembla réellement touché de savoir que je ne le prenais pas pour un briseur de ménage et je ne l’en appréciais que plus. Comme je le soupçonnais depuis quelque temps il me semblait être un homme de valeur. J’avais d’ailleurs pu le constater la semaine dernière lorsqu’il s’était occupé de moi sans rien attendre en retour. A aucun moment il n’avait cherché à tirer profit de la situation et avait réellement pris soin de moi… Je balayais ses remercîments d’un geste de la main. Je n’avais pas le sentiment de devoir être remerciée pour ça, je m’étais seulement contenter de suivre mon intuition le concernant. Certes elle n’était pas toujours fiable – elle aurait par exemple me dire de choisir un autre boulot puisqu’elle trouvait mon patron louche, ce qui prouvait bien qu’elle pouvait être grandement défaillante – mais je l’avais toujours écoutée.

« À dire vrai, je suis plus le cœur brisé que le briseur de cœur. » Cette déclaration me surpris, je crois qu’une femme de plus Nolan ne se rendait pas compte de son charme et de l’effet qu’il produisait sur les femmes. Il ne devait pas avoir conscience du nombre de femmes qui soupiraient sur son passage, qui attendait un geste ou une invitation de lui en vain. Je ne l’avais jamais vu comme un cœur brisé, néanmoins cela pouvait expliquer beaucoup de choses, comme sa phobie de l’engagement par exemple. J’aurais bien voulu en savoir plus mais ne voulait pas le forcer à m’en parler si il n’y tenait pas. Aussi me contentais-je d’un « Ah bon ? » presque murmuré. J’espérais qu’il comprendrait qu’il était libre de m’en parler si il le voulait mais que je n’essayerais pas de lui tirer les vers du nez si ce n’était pas le cas.

« Tu n’imagine pas à quel point tu es en danger en ce moment même… » J’éclatais de rire. En effet je me sentais gravement en danger en sa compagnie. En effet je courais toujours le risque de tomber réellement amoureuse de lui, j’étais bien placer pour savoir que c’était un minime danger. « Ah oui ? » mon ton était taquin. « Et je peux savoir quel sont les risques que j’encours ? » J’étais tout aussi disposée que lui à jouer au chat et à la souris. J’avais certes été un peu effrayée lorsqu’il avait essayé d’y jouer tout à l’heure alors qu’il était dans mon dos mais c’était plus dû à un reflex qu’à autre chose. Je me sentais parfaitement en sécurité ici en sa compagnie et j’étais de nouveau complètement détendue. Envoler les derniers moments de tensions, maintenant que nous plaisantions l’atmosphère semblait bien plus légère. De plus badiner avec Nolan était quelque chose dont j’avais l’habitude, nous le faisions souvent au restaurant.

Les lasagnes étaient aussi bonnes que ce à quoi je m’attendais et le vin était une pure merveille. Surement français me dis-je en trempant une nouvelle fois mes lèvres dedans, les vins Irlandais étaient nettement moins bon… J’avais l’impression concernant le rendez vous que j’organiserais, difficile de faire aussi bien…
Nolan repris la parole brisant le silence qui nous entourait depuis que nous avions commencé à manger. Ce n’avait pas été un des ses silences gênants comme il en avait planés plusieurs au cours de la soirée, je ne m’étais pas sentie obligée de le briser. « Pourquoi es tu ici avec moi ? » La question me surpris mais ses tentatives de justifications ne m’éclairèrent pas tellement plus. « Je veux dire, tu es le genre de femme qui doit avoir énormément d’amis… Et moi, je n’ai rien d’un bon ami. » Je pris quelques instants avant de répondre. « Je n’ai tant d’amis que ça, de vrais amis je veux dire… Je connais certes beaucoup de monde à travers mon travail, mais ce sont plus des connaissances qu’autres choses. » Ajoutais-je en haussant les épaules. « Je peux compter sur les doigts d’une main les personnes dont je suis réellement proche. » Et il ne m’avait pas paru être un mauvais ami, au contraire. Je ne voyais pas pourquoi il pouvait penser ça. D’accord j’avais du mal à ne pas le considérer autrement mais c’était ma faute et non la sienne… Je mordillais ma lèvre avant de répondre à sa première question. « Et pourquoi je suis ici ? Premièrement parce que cette idée de rendez vous est la mienne je te rappelle. Même si tu as décidée d’en prendre les commandes. » Dis-je d’un ton taquin « Et peut être parce que j’ai envie de passer du temps avec toi et de mieux te connaître aussi... » Cette fois mon ton était nettement plus sérieux, et plus faible aussi. Pourquoi je ressentais ce besoin alors que je savais que rien ne ressortirais de bon de tout ça, aucune idée. Je savais qu’à force de le côtoyer j’allais finir par tomber complètement amoureuse de lui. Mais c’était plus fort que moi, j’avais envie de mieux le connaître même si cela devait me faire souffrir.

Nolan ne pouvait pas aborder le sujet de Crystal ce soir. C’était tout simplement inimaginable pour le jeune homme. Cela faisait des années maintenant qu’il cherchait à tourner la page, à oublier cette blessure. Ce n’était certainement pas pour l’exposer aux yeux de Shena lors de leur premier rendez-vous. Il avait conscience que cette soirée n’était rien d’autre que le moyen qu’avait trouvé la jolie rousse pour le remercier, mais qu’importe. Plus les minutes s’égrenaient et plus il comprenait pourquoi il avait eu envie de lui offrir une soirée parfaite.
Voilà pourquoi, pour le moment, il préférait faire comme s’il n’avait pas entendu sa question. Bien sûr, il faudrait qu’un jour il lui explique ce passé encombrant, mais pour ce soir il en avait dit assez. Lui qui détestait se dévoiler et se plaindre de son sort, n’avait pas le courage d’en rajouter. Elle en savait déjà plus que bien d’autres personnes.

Heureusement, il pouvait compter sur la distraction de ses mises en gardes pour que Shena change elle aussi de sujet. Elle se demandait ce qu’elle risquait en sa présence. La dévorant du regard, il laissa entrevoir l’espace d’un instant les exigences de son corps. Oui, s’il n’avait pas été doué de conscience, sans doute qu’il lui aurait enlevé Asma depuis longtemps… « Je te l’ai dis, tu es une femme plus que séduisante… Et tu es dans mon domaine… » Jamais il n’abuserait d’une femme, mais il savait parfaitement comment faire pour donner envie à une femme d’abuser de lui. Après tout, ici c’était chez lui… Il pouvait jouer de ses charmes, arranger l’ambiance selon ses désirs, modifier la température ou même faire couler l’alcool à flot,…
Sans pour autant dire que Shena soit manipulable, il avait cru comprendre qu’elle aimait les histoires à l’eau de roses. Il l’avait vu le jour où elle s’était réveillée à ses côtés… Sa première question avait été prévisible et parlante… Comem beaucoup d'autres femmes, elle attendait LE prince charmant.

N’ajoutant rien de plus, il s’était contenté de manger en silence. Il était heureux à ce moment précis. Partager ce repas en compagnie de la jeune femme dans une ambiance détendue, voilà ce dont il avait eu envie en l’invitant ici.  Et à présent qu’il la regardait, il lui semblait même voir qu’elle appréciait le repas autant que lui, la compagnie.

En posant les yeux sur les lèvres de Shena, il sourit en découvrant qu’elle se les mordillait. Cette manie à la fois sexy et si révélatrice, fit réagir Nolan. Enfin, disons plutôt que ce geste accompagné de ces dernières paroles… Ce fût un déclic. Une impression qu’il n’avait pas remarquée plus tôt, tant il était perturbé par ses propres émotions.  Et pourtant, il avait déjà vu d’autres femmes agir de cette manière en sa présence. Sans vouloir gonfler son ego, il devait bien admettre qu’elles lui avaient toutes plus ou moins fait comprendre qu’il n’avait qu’à dire un mot…
Cependant, il en était certain, Shena n’était pas ce genre de femme. Il n’arrivait pas à l’imaginer se contenter d’une aventure sans lendemain. Et dans ce cas, soit elle ne se rendait pas compte des signaux qu’elle lui envoyait, soit, elle voyait plus en lui qu’un simple coup d’un soir. Le moment était donc venu de se poser les bonnes questions quant à ce que lui désirait vraiment.

« Très bien… » L’étudiant avec intérêt, il prit le temps de choisir ses mots pour essayer d’être clair sans se départir du sourire amusé qu’il arborait. « Même si je vois bien que tu cherches à me séduire, sache que je ne me dévoile jamais au premier rendez-vous ! » Il rit en repoussant son assiette vide et se penchant un peu plus vers elle, il ajouta d’une voix plus basse : « Mais… puisque tu m’as parlé un second rendez-vous, je t’offre le bonus survie avec élégance » Il prit une dernière gorgée de vin tandis qu’il laissait la jeune femme assimiler ce qu’il venait d’annoncer. Survie avec élégance… C’était ce qu’elle était parvenue à faire durant toute la soirée. Malgré son humeur changeante. Alors autant le lui faire savoir en mettant ces qualités en avant. Certes, il était en train de jouer avec le feu étant donné qu’avant d’être parfaitement clair avec ses émotions, il devrait parler avec les jumelles. Mais dans le fond… il se doutait déjà de la suite… « Ce bonus t’offre trois réponses totalement honnêtes lors de notre prochains rendez vous. Dis toi que ce sont des jokers… » Il rit, se rendant compte qu’il venait de s’octroyer trois moments difficiles dans un avenir plus ou moins proche. Mais qu’importe, c’était aussi une manière de s’assurer une suite à cette soirée.

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Je réprimais les frissons provoqués par le regard de Nolan en me lançant une baffe mentale. Il me trouvait séduisante ? Peut être sinon il aurait depuis longtemps arrêter de flirter avec moi, seulement il devait se conduire de la même façon avec de nombreuses autre femmes. Non il avait beau avoir dit que j’étais une des rares privilégiées qui avait pu entrer dans son domaine ce n’était pas comme ça que je me sentais. Je n’étais qu’une fille parmi tant d’autres… Je le savais et me le répétais régulièrement. C’était une technique plutôt efficace pour ne pas me laisser séduire, assez similaire à une bonne douche froide. Je décidais de ne pas relancer le débat et me concentrais sur mon assiette…

« Très bien… Même si je vois bien que tu cherches à me séduire, sache que je ne me dévoile jamais au premier rendez-vous ! » Je m’étranglais, avalant de travers ce que j’étais en train de manger en entendant cette déclaration. Après avoir toussé plusieurs minutes et bu quelques gorgées de vin pour essayer de calmer les maux de gorge que mon étranglement avait provoqué je finis par pouvoir lui répondre. « Tu prends tes rêves pour la réalité là. Je te rappelle que c’est un repas entre amis hein, rien de plus. » J’avais essayé de dire ça de façon assez digne mais ça restait assez difficile avec les larmes perlant au coin de mes yeux. Il n’y avait rien de mieux que de s’étouffer pour perdre en crédibilité…

« Mais… puisque tu m’as parlé un second rendez-vous, je t’offre le bonus survie avec élégance. Ce bonus t’offre trois réponses totalement honnêtes lors de notre prochains rendez vous. Dis toi que ce sont des jokers… » Bien, il allait falloir à que je trouve de bonnes questions à lui poser. Il pouvait être sur que celle que je choisirais allaient être murement réfléchies. « Ce joker n’est valable que pour le prochain rendez vous ou si je n’épuise pas mon quota de questions je pourrais m'en servir à un autre moment? » C’était une précision dont j’avais besoin. Je n’étais pas sûre d’avoir trois questions dont je voulais absolument connaître les réponses pour la prochaine fois. Garder mon joker dans ma manche me paraissait être une bonne idée.

Mon téléphone se mit à sonner et je me raidis instantanément en reconnaissant la sonnerie. Max savait pertinemment que j’étais de sortie ce soir, si il m’appelait c’était qu’il avait quelque chose de réellement important à me dire. Je me levais aussi tôt et m’excusait auprès de Nolan. « Je réponds, je fais au plus vite. » Sans même attendre sa réponse je remontais vers le ponton à toute vitesse pour pouvoir décrocher.
Je redescendis quelques minutes plus tard d’assez mauvaise humeur. « Bon, je vais t’abandonner. Mon ami et collègue Max a visiblement trouvé que c’était une bonne soirée pour boire comme un trou. Il a manqué de se battre avec le barman qui lui a confisqué ses clefs. » Je poussais un soupir sonore. « Si je ne vais pas le chercher tout de suite, il finit au poste. Autant te dire que je rêve d’aller payer sa caution auprès des collègues de mon père… » L’idée me tentait à peu près autant que de me faire couper un bras. Je ne savais pas ce qui était passé par la tête de Max pour qu’il boive autant, d’habitude il était plutôt dans la modération. Je sentais qu’il allait être frais pour le service du lendemain, ça allait être un bonheur de travailler avec lui.

Si Nolan avait eu des doutes quant aux signaux que lui envoyait Shena, la réaction qu’elle eut lorsqu’il lui annonça qu’elle cherchait à le séduire fut une réponse en elle-même. Il ne s’était réellement pas attendu à ce qu’elle réagisse aussi vivement à cette taquinerie. Elle venait littéralement de s’étrangler avec un pauvre morceau de lasagne sous le regard ahuris et légèrement inquiet de du jeune homme. Bon sang, il n’allait quand même pas la tuer ? Mais non, elle finit par se reprendre pour lui annoncer qu’il rêvait. Retenant tant bien que mal le rire qui menaçait de lui échapper, il serra les lèvres dans une espèce de grimace qui ne parvenait pas à cacher le sourire qui fendait déjà son visage. De toutes les réactions qu’il avait imaginées, la spontanéité de Shena avait été sa préférée. Clairement, elle ne cherchait en lui qu’un ami, son cerveau était clair sur ses attentes et les limites avaient été posées de manières à ce qu’il ne sorte pas de ce rôle. Mais entre la raison et les sentiments, il existe toujours un gouffre n’est ce pas ? Même si elle ne semblait pas en être consciente, son corps n’était pas en accord avec son esprit. Le beau brun n’avait donc plus qu’à prendre une décision quant à ses propres attentes. Car selon son envie, il déciderait d’aider Shena à rester dans les limites qu’elle s’imposait ou bien, la pousser à en sortir.
L’intérêt qu’elle portait à la limite de temps de son joker ramena Nolan à des préoccupations plus terrestre. Il n’y avait pas réfléchi. S’il lui donnait plus de temps pour ces questions, il prenait le risque d’avoir à se dévoiler sur des questions qu’il préférerait réellement enterrer. Or, il venait de s’engager à répondre à trois questions de manière tout à fait honnête. Et ce n’était certainement pas pour reculer le moment venu…

« Je n’y avais pas pensé… »

S’enfonçant dans le dossier de son siège, il prit le temps d’observer Shena. Cette femme était intelligente et au fond de lui, il savait déjà pourquoi il lui laissait l’opportunité de découvrir ses secrets. Mais à quelle vitesse ? Il connaissait le dicton : « Tout finit toujours par se savoir ». Et dans ce cas, il avait la certitude qu’effectivement, si elle le désirait, elle saurait tout de lui.

« Si tu ne les utilise pas tous, je te les laisse. Mais, ils ne t’accorderont qu’une réponse par oui ou non sans aucuns autres détails. »

Un compromis. Il ne lui enlevait pas ses bonus, après tout, elle les avait gagnés. Mais en même temps, il se protégeait en ne s’obligeant aucune explication si elle poussait les questions trop loin. Après tout, même s’il n’était pas James Bond, sa vie comportait assez de détails sordides pour ne pas avoir envie d’en parler. Que ce soit sa mère, son père, son demi-frère ou sa fiancée,… toutes ces personnes faisaient partie du passé.

Le gong venait de retentir et Nolan savait exactement ce qu’il signifiait. La soirée en compagnie de cette charmante jeune femme prenait fin. Dommage, il commençait à peine à se détendre. C’était idiot de sa part d’avoir mis autant de temps mais que voulez vous… Elle avait un pouvoir sur lui et Nolan en était certain, il finirait par se brûler les ailes…

Lorsqu’elle sortit pour répondre au téléphone, il commença à ranger les assiettes, il n’était pas assez idiot pour croire qu’un appel à cette heure n’était pas une urgence. Tout ce qu’il espérait c’était qu’il s’agissait d’une petite urgence. Le genre qui ne met la vie de personne en danger.
Comme de fait, lorsqu’elle revint, visiblement de mauvaise humeur, il comprit qu’elle devait s’en aller. Ce qui en revanche le laissa perplexe ce fut que ce soit pour aller rejoindre son collègue. Bon, qu’elle le fasse cela lui prouvait qu’il avait vu juste et que c’était une fille bien. Mais que ce Max se saoule justement ce soir… Et bien, autant dire qu’une pique de jalousie venait de lui nouer l’estomac. Pourquoi justement ce soir ? Était  ce pour Shena ? Bon il allait devoir faire un peu plus attention la prochaine fois qu’il irait au restaurant… Histoire de voir comment Max regardait la belle. En attendant, il se contenta d’hocher la tête avec un petit sourire déçu.

« Dans ce cas, laisse-moi juste te ramener à ton carrosse… »

Il n’attendit pas sa réponse, récupéra l’étole et le sac qu’elle avait laissé sur le siège et les lui apporta avant de sortir en sa compagnie. Il n’avait pas envie qu’elle parte mais il pouvait facilement imaginer qu’elle n’ai pas envie d’aller le récupérer en cellule de dégrisement. Pas besoin d’être un génie pour imaginer la fête que lui ferait son père et les commentaires qu’il ferait sur l’ami de sa fille unique, probablement sa princesse.

« Milady, c’est ici que nos chemins se séparent. » Avec douceur, il lui prit la main et déposa un léger baiser au bout de ses doigts sans la quitter du regard. Ce soir, il se contentait d’être un gentleman, mais seulement parce qu’elle était déjà assez préoccupée par son ami. Mais dans son regard, une promesse bien plus intense venait de s’illuminer. Et quand il relâcha enfin sa main, il se contenta d’un sourire malicieux et fit demi-tour pour retourner à bord du Nautiluus. Il y avait de la bière au frais et la nuit était encore jeune…